Départ pour un tour de 3 jours dans le Sertão. Cette région aride de l’intérieur du Nordeste est connue pour sa culture folklorique et culinaire, entre autre, et pour sa chaleur torride. Un autre monde où le stress n’est pas encore arrivé, où l’on peut s’ennuyer. Le temps semble être arrêté ; le vent et le silence dominent.
Nous avons parcouru environ 700 km sur route bitumée, les BR (routes nationales), et sur routes de terre qui fait plein de poussière. Entre João Pessoa et Campina Grande, on passe de la Mata Atlantica à la Serra, deux régions de végétation fournie. Après, on entre dans les régions arides avec quelques arbres par endroits, de nombreux arbustes gris qui semblent brûlés par le soleil, des cactus en tout genre, même des champs de cactus, et des cailloux sur une terre ocre.
Mais il y a pas mal de richesse dans le sertão de la Paraíba :
- le coton : malgré quelques années de sécheresse qui ont contribué à réduire fortement les cultures, la Paraíba est connue pour son coton coloré naturellement. Il s’agit de tons qui vont du blanc cassé au jaune/ocre. Des vêtements et des hamacs sont produits dans l’Etat avec ce coton.
- l’eau : bien qu’il ne pleuve que trop rarement, il y a de nombreuses rivières et nappes phréatiques de manière à ce que la population de manque pas d’eau. Malheureusement, cette eau est insuffisante pour les plantations.
- le pétrole : il y en a en plusieurs endroits de la Paraíba et notamment dans le sertão.
- la tourmaline : pierre précieuse dont on trouve la version la plus rare, la bleue, au milieu de la Paraíba.
- des métaux et minéraux : le zirconium, l’ilménite, du quartzite, du granite…
Nous nous sommes arrêtées dans 2 villes et 5 sites :
Il faut traverser la jolie petite ville de Ingá et continuer quelques km jusqu’aux rails de chemin de fer, puis prendre à droite pour arriver sur ce site rupestre étonnant qu’est la Pierre d’Ingá, également nommée Itacoatiaras, de la langue tupi : itá (« pierre ») et kûatiara (« sculpté »). Attention, le site est protégé et a des heures d’ouverture; uniquement jusqu’à 13h les week-end. Bien entendu, nous avons débarqué vers 14h le samedi. Mais les brésiliens étant ce qu’ils sont, ils nous ont quand même laissé entrer et en ont profité pour nous faire la visite.
Dans un paysage de pâturages et quelques arbres, on trouve ces immenses pierres lavées, dont quelques-unes sont sculptées avec des hiéroglyphes qui n’ont à ce jour pas été déchiffrés. Une rivière coule au milieu, formant des callosités rondes qui deviennent des aquariums en été avant de s’assécher. L’ensemble parait surnaturel et a sans doute contribué à ce qu’une des versions sur l’origine des sculptures soit liée aux extras-terrestres. Une autre version attribue cette écriture aux ancêtres incas/mayas. Une troisième version pense qu’il s’agit des indiens qui occupaient la région il y a environ 6’000 ans. Le mystère reste entier !
Juste avant d’arriver à Monteiro, il faut prendre une route de terre qui part sur la droite et poursuivre pendant de longs km. De nuit, on a du mal à imaginer qu’il y aura quoi que ce soit au bout. Mais il faut y croire car ça vaut le détour. Arrivé en haut, on se trouve sur une montagne pelée d’une roche lisse avec un petit lac. Et c’est là que le circuit « Som nas Pedras » (Musique sur les Pierres) a fait une halte ce samedi soir 19 octobre 2019, pour notre plus grand bonheur. Des chanteurs, des danseurs, des dj présentent tour à tour des spectacles qui vont du folklorique à la musique expérimentale. Un très beau moment. Puis, vers 22h, à la fin des spectacles, tout le monde descend au bar du micro-bled juste plus bas pour danser le forró…
Jolie petite ville d’env. 35’000 habitants. Pas d’immeubles, des rues larges et dépourvues d’embouteillage, des maisons colorées et une chaleur de plomb. Quelques épiceries et l’église sont ouvertes le dimanche matin. Sinon, rien, le silence, quelques gars qui papotent sur les places, une paix royale.
Nous avons dormis dans la Pousada dos Poetas où sont affichés plein de poêmes. Une chambre propre avec 3 lits simples et salle-de-bain eau chaude, avec petit déjeuner et piscine = 150 R$ (env. 30€).
Sur la route qui va de Monteiro à Patos (150km env.), après Teixeira, juste avant les lacets qui descendent dans la vallée de Patos, il ne faut pas rater le restaurant Pedra do Tendó. D’ici on a une vue imprenable sur l’immense plateau du sertão et ses collines éparses. Le restaurant est accolé à une immense roche que l’on peut escalader si on n’a pas le vertige…
Le restaurant propose de la musique live (c’est de la musique locale que l’on aime peut être qu’à petite dose) et surtout on mange super bien. Je crois même que c’est le meilleur restaurant que j’ai fréquenté dans la Paraíba. Repas pour 3 personnes + 1 bière + 2 bouteilles d’eau = 41 R$ (env. 9€).
C’est LA grande ville du sertão avec env. 100’000 habitants. Nous nous y sommes perdues en voiture ce qui nous a permis de visiter un peu les quartiers. Mais franchement, nous n’avons rien trouvé de spécial ou même joli. Nous avons dormi dans une pousada du centre ville très moyenne, sans eau chaude, avec un bruit d’air conditionné et petit déjeune moyen pour 135 R$ (28€). Donc, peut-être n’avons nous pas trouvé les bons coins, mais voilà, donc je ne m’attarde pas.
La tourmaline Paraiba, de couleur bleu pale, a d’abord été découverte dans le sertão de la Paraiba. Entre temps, des gisements en Afrique et en Asie ont été découverts mais les pierres sont de qualité inférieure. Cette pierre fine peut avoir plusieurs couleurs qui vont, de la moins chère à la plus chère : transparent, rose, rouge, vert et bleu. La bleu, très rare et très belle, est vendue en moyenne à 30’000 USD le carat (0,2gr).
Sur la route, nous avons vu des tas de pierres blanches et cristaux et nous sommes arrêtés. Un monsieur nous a indiqué un vieux maçon dans un bled, Equador, pas très loin qui pourrait nous montrer des tourmalines. Alors nous y sommes allées et avons trouvé ce maçon qui nous a montré son butin, dans sa cuisine de vieux célibataire, sur un vieux tabouret en bois. Magnifique. Des tourmalines qu’il va chercher lui-même dans les mines plus ou moins sécurisées, à 15, 20 ou plus de mètres de profondeur, dans une chaleur suffocante et un air raréfié, principalement vertes, mais aussi quelques bleues. Rien de trop précieux. Mais quand même de quoi donner envie d’acheter un petit lot.
Près de Boa Vista, il faut prendre un route de terre pendant une demi-heure pour arriver à l’Hôtel Fazenda Pai Mateus. Là il faut payer 30 R$ par personne (7€) pour avoir accès au site avec guide. Il reste alors 4km pour monter au fameux lajedo do Pai Mateus. On est arrivée vers 16h45, lorsque le soleil commence à baisser et que la lumière passe à l’orange. Ces pierres rondes posées sur une grande surface de roche sont superbes. Certaines sont creuses. D’autres sonnent comme du métal lorsqu’on les tape avec une autre pierre. Et le coucher du soleil y est imprenable.
Il y a moins de 100 ans, un certain père Mateus, ermite, s’est installé sous l’une de ces pierres et y a vécu pendant plus de 30 ans. Les habitants alentours venaient le trouver car il avait de grandes connaissances des plantes et savait soigner les maladies. Depuis, le site porte son nom.
un ensemble de pierres rondes avec cactus qui font volontiers leur nid dessus !
la pierre appelée « capacete » casque
la maison du père Mateus
A part ça :
On a profité des routes de terre pour que Carla apprenne à conduire. Pas mal, elle se débrouille bien.
Mais ces routes sollicitent tellement les pneus entre les trous, les vagues, les cailloux pointus, les pic de cactus…. Il y en a un qui a explosé, littéralement. On est arrivé dans un mini-bled sur la jante, où un monsieur nous a gentiment aidé à changer la roue.
On a aussi réussi à voir 1 pied de coton ! Beaucoup de fermiers ont arrêté de le cultiver suite aux sécheresses. Malgré des aides de l’Etat, nous n’avons pas vu de champs. Probablement que nous n’étions pas aux bons endroits.
En revanche, nous avons vu pas mal de champs de cactus ! Oui, bine plantés en lignes, sur des champs cerclés de barbelés ou barrières de branches. C’est ce qu’ils ont trouvé de mieux pour nourrir le bétail… bon appétit!
Dans un petit village le long de la route de terre qui relie Juazeirinho à Gurjão, nous avons vu plein d’oiseaux vert vif. Magnifiques. Sinon, il y avait des vaches et des chèvres partout sur le chemin.
La gentillesse des personnes est totale dans ces régions. Ils semblent dépourvus de stress et aiment leur région même si elle est souvent source de souffrance et de pauvreté. Cette terre est aussi leur racine et leur culture y est encore très fortement différenciée.
Woaaa vraiment très intéressante cette région, je ne pensais pas qu’il y ait tant de variété de paysages, magnifique
et super nous faire partager tout ça
Merci pour ton commentaire. Oui, la Paraíba est incroyablement riche de paysages et de ressources. Et j’ai pas fini d’en découvrir. Je ne m’en lasse pas…