Belle surprise, je ne m’attendais pas à voir des tortues dans une ville et encore moins à assister à la naissance de leurs petits. Et pourtant, les tortues viennent pondre leurs œufs sur la dizaine de kilomètre de plage de João Pessoa entre septembre et juin.
Après avoir parcouru les océans de la Terre entière pendant 30 ans jusqu’à leur maturité sexuelle, les tortues nées à João Pessoa reviennent s’accoupler puis pondre sur leur lieu de naissance, en général tous les 2 ans. Elles arrivent entre 3h et 4h du matin, juste avant l’aube, montent haut sur la plage, creusent un trou d’environ 60cm de profondeur et y pondent entre 100 et 150 œufs avant de les recouvrir de sable. Des œufs à la coquille molle et tout ronds comme les balles de ping-pong. Puis, environ 8 semaines plus tard, les bébés tortues s’extirpent de leur coquille et grimpent pour sortir du sable.
Ces bébés tortues sortent du sable la nuit et s’orientent vers la mer grâce à la réverbération de la lune sur les vagues. Or, les tortues de João Pessoa étant « urbaines », elles tendent à prendre la direction de la rue illuminée de réverbères. De nombreux bébés tortues ont ainsi succombé dans la ville.
Depuis 16 ans, « Guajiru – Tartarugas Urbanas », association de protection des tortues, s’occupe de suivre au quotidien les pontes et les naissances. Lorsque l’heure approche, les bénévoles de l’association effectuent une « césarienne » pour permettre au plus grand nombre de tortue d’atteindre la mer. Quelques heures avant, l’association informe de la prochaine naissance sur son compte instagram et les curieux peuvent alors se retrouver sur la plage pour assister à cet évènement. En 2018-2019, les premières naissances ont eu lieu en fin décembre 2018 et le dernier nid, le numéro 141, a vu ses tortues naître le 16 juin 2019.
Nous y étions pour la première fois le 30 janvier. Il y avait une cinquantaine de personnes autour du nid qu’une des bénévoles de l’association creusait à la main pour en retirer les petites tortues (la fameuse césarienne). Elle les a mises dans une bassine puis déposées plus près de la mer. Alors les bébés tortues avec leurs petites pattes se sont précipitées en direction de l’eau. Quel beau spectacle. Et quelle émotion lorsque la première petite torture touche enfin une vague. Arrivées dans l’eau, elles se font balloter, parfois échouer à nouveau sur le rivage, avant de s’en aller au large.
Le sexe de la tortue dépend de la température durant son incubation. C’est vers 26-27° que se fait la différence, selon les dires des responsables de l’association ; moins ce sera un mâle, plus ce sera une femelle. Autant dire que la côte de Jampa produit bien plus de femelles. Avec le réchauffement climatique, les mâles se raréfient. Dans le Pacifique sud on note plus de 100 femelles pour 1 mâle par endroit ! C’est malheureusement un élément de plus qui menace la survie de l’espèce.
Les causes principales de mortalité des tortues sont : les prédateurs, les filets de pêche et le plastique. A l’âge adulte, la tortue n’a quasiment plus de prédateur mais meurt suite à l’ingestion massive de plastiques .
Sur un millier de tortues, seules 1 ou 2 parviennent à l’âge adulte… cruel destin pour les autres. Ces bébés tortues qui seront consommées pas de nombreuses espèces marines, ont un rôle central dans la maintien de l’écosystème au large de João Pessoa. Les survivantes feront comme ses aînés; elles voyagera dans les océans de la planète avant de revenir à João Pessoa déposer leurs œufs dans 30 ans.
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